Principales évolutions méthodologiques par rapport à la version précédente |
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Généralités
Les territoires engagés dans une démarche Plan climat Air Energie Territorial (PCAET) ont besoin d’un diagnostic de leurs émissions territoriales de GES et de polluants locaux par grand secteur d’activité, par vecteur énergétique et par usage. Un historique sur plusieurs années permet de se comparer aux objectifs régionaux du SRADDET.
Les émissions d’un territoire sont d’origine :
- Energétique, issues de la combustion (cf. méthodologie relative aux consommations finales d’énergie),
- Non énergétique, résultant de process industriels, de la décomposition des déchets…
Nomenclature SNAP
Les activités anthropiques ou naturelles à l'origine des rejets de diverses substances dans l'atmosphère sont identifiées dans une nomenclature de référence appelée CORINAIR/SNAP (Selected Nomenclature for Air Pollution). Cette nomenclature qui constitue un standard européen, voire international, est spécifique à certaines substances.
Le choix de ce référentiel provient de sa capacité à couvrir l’ensemble des sources et des substances considérées dans les inventaires que la France doit communiquer aux différentes organisations internationales. Ce référentiel permet également de suivre la stratégie de système d’inventaire unique qui est recommandé et s’avère efficient. Bien que ne prétendant pas à l'exhaustivité, la SNAP 97 présente une liste détaillée d'activités (près de 400 items pour la résolution la plus fine). Quelques items, "autres" permettent d'inclure le cas échéant des activités supplémentaires (activités omises ou plus généralement négligées du fait de leurs très faibles contributions).
Le système utilisé prévoit une décomposition de chaque activité le cas échéant. Cette opportunité est utilisée, par exemple, pour différencier certains procédés, apprécier des tailles d'équipements, etc. Pour ce faire, des rubriques peuvent être ajoutées à l'activité lors de la construction de l'inventaire. Actuellement, pour les inventaires relatifs à la France, on dénombre plus de 400 activités élémentaires.
Approches bottom-up et top-down
La méthode privilégiée « bottom/up » utilise dans la mesure du possible les données d’activités et d’émissions les plus fines disponibles à l’échelle infra-communale (principales émissions industrielles…). Ces données sont ensuite agrégées à l’échelle communale pour le calcul des émissions.
Lorsque les informations n’existent pas à une échelle fine, des données régionales (surfaces chauffées, productions…) sont désagrégées à l’échelle communale au moyen de clés de désagrégation connues pour l’ensemble des communes de la région (population, emplois…).
Prévision des émissions par le modèle ARIMA
Certaines données d'émissions de gaz à effet de serre diffusées par l'ORCAE sont estimées en utilisant le modèle ARIMA (AutoRegressive Integrated Moving Average) qui est une méthode statistique utilisée pour l’analyse et la prévision de séries de données temporelles. En savoir plus sur la prévision des données d'émissions de GES par le modèle ARIMA.
Polluants et années inventoriées
L’inventaire des émissions de polluants est disponible à l’échelle communale.
Les trois principaux GES suivis pour les PCAET sont inventoriés pour les années 1990, 2000, 2005 puis depuis 2010 :
- Le dioxyde de carbone (CO2)
- Le méthane (CH4)
- Le protoxyde d’azote (N2O)
L’inventaire des émissions inclut également les GES fluorés à la même échelle spatiale et temporelle que les GES cités précédemment.
Les GES fluorés inventoriés sont les suivants :
- Les hydrofluorocarbures (HFC)
- Les perfluorocarbures (PFC)
- L'hexafluorure de soufre (SF6)
- Le trifluorure d’azote (NF3)
Format de rapportage PCAET
Les émissions de gaz à effet de serre sont rapportées selon le format PCAET défini par le décret du 26 juin 2016. Celui-ci prévoit qu’à l’échelle d’un territoire, les émissions de gaz à effet de serre soient présentées selon la sectorisation suivante :
- Branche énergie
- Industrie manufacturière
- Gestion des déchets
- Résidentiel
- Tertiaire
- Agriculture
- Transport routier
- Autres transports
Les indicateurs territoriaux incluent les émissions directes (scope 1) ainsi que les émissions liées à la production d’énergie (scope 2). Ainsi, pour éviter tout double compte, sont comptabilisées les émissions directes du territoire à l’exclusion des émissions des producteurs d’électricité et de chaleur, auxquelles il faut ajouter les émissions indirectes liées à la consommation d’électricité et de chaleur.
Les indicateurs d’émissions de gaz à effet de serre sont également déclinés en intégrant la correction climatique. Cet indicateur (émissions normalisées) permet de gommer l’effet de la rigueur climatique (besoins en chauffage en particulier) sur les émissions de gaz à effet de serre du territoire.
Pour faciliter l’inter-comparaison des émissions entre les territoires et entre différents millésimes de données, deux indicateurs d’émissions de gaz à effet de serre sont calculés. Le premier (hors GES fluorés) intègre uniquement les émissions des trois principaux gaz à effet de serre : CO2, N2O et CH4. Le second indicateur (avec GES fluorés) prend en compte le HFC, PFC, SF6 et NF3 en plus des trois gaz précédents.
Ces indicateurs sont calculés en sommant les émissions des différents gaz selon leur pouvoir de réchauffement global (PRG), définis dans le 5ème rapport du GIEC (2013), pour être exprimés en tonne équivalent CO2 (teqCO2).
Gaz à effet de serre | CO2 | CH4 | N2O | HFC | PFC | SF6 | NF3 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
PRG | 1 | 28 | 265 | <1 à 12 400* | <1 à 11 100* | 23 500 | 16 100 |
* Pour les HFC et PFC, le PRG varie en fonction de l'espèce considérée. Ici ne sont indiquées que les valeurs les plus faibles et les plus élevées.
Exigences d'un inventaire
Tout inventaire des émissions obéit à certains critères :
- Exhaustivité des sources : toutes les sources doivent être quantifiées, à l’exception des sources justifiées comme étant négligeables : la SNAP (Selected Nomenclature for Air Pollution) liste l’ensemble des activités (environ 400) susceptibles d’émettre des polluants dans l’atmosphère
- Comparabilité entre territoires : les sources de données doivent être cohérentes entre les différents territoires pour permettre la comparaison leurs émissions
- Cohérence temporelle : l’historique des années antérieures est recalculé lorsque la méthodologie évolue (source de données, facteurs d’émission) afin de conserver une cohérence entre toutes les années
- Traçabilité : toutes les sources de données utilisées sont tracées et documentées
- Validation/bouclage : tous les résultats produits font l’objet d’un circuit de validations croisées afin de pallier toute erreur éventuelle de calcul et/ou de raisonnement
- Respect de la confidentialité : étant donné qu’un certain nombre de données utilisées pour la modélisation sont confidentielles, toute donnée agrégée diffusée doit respecter les règles du secret statistique (au moins 3 établissements et moins de 85% de contribution pour le plus important)
Assurance et contrôle qualité
Un certain nombre de critères onusiens MRV (Mesurable, Rapportable Vérifiable) applicables aux inventaires d’émissions sont appliqués à l’inventaire régional :
- Tenue d’un catalogue de sources de données afin de renforcer la traçabilité entre serveur et base de données
- Tous les facteurs d’émissions sont sourcés et exprimés en unité native pour faciliter leur mise à jour
- Traçabilité de la date de calcul pour assurer la cohérence de l’ordre des traitements
- Documentation technique interne étoffée pour un meilleur partage des méthodes
- Veille réglementaire formalisée
- Tenue d’un plan d’amélioration de l’inventaire pour mieux formaliser les axes de progrès et planifier leur mise en œuvre
- Renforcement des procédures de validation sectorielle :
- Comparaison systématique avec la version précédente
- Vérification de la cohérence temporelle
- Validation à l’échelle de plusieurs échelles territoriales
- Analyse par activité fine, énergie, usage…
- Conservation des émissions tout au long de la chaîne de calculs
- Assurance qualité : une validation croisée des bilans détaillés des émissions de GES est réalisée chaque année par AURA-EE, ce qui permet d’avoir un regard extérieur sur les données produites
Modélisation sectorielle des émissions communales
La modélisation des émissions énergétiques s’appuie sur :
- le bilan des consommations finales d’énergie ;
- les consommations primaires de combustibles des réseaux de chaleur et unités d’incinération des ordures ménagères (UIOM) reliées en substitution aux livraisons de chaleur/froid.
Les consommations d’énergie sont associées à des facteurs d’émissions appropriés dépendant du combustible, du type de chaudière, des éventuels systèmes de dépollution sur les sites industriels…
Les émissions non énergétiques résultent du produit entre une donnée d’activité et un facteur d’émission approprié provenant du guide méthodologique national élaboré par le Centre Interprofessionnel Technique d'Études de la Pollution Atmosphérique (CITEPA).
Résidentiel
Le secteur résidentiel comprend les émissions :
- Energétiques :
- Logements
- Engins de loisirs à moteur thermique
- Non énergétiques :
- Feux de jardin et brulage de câbles
- Utilisation domestique de solvants et de produits pharmaceutiques
Tertiaire
Le secteur résidentiel comprend les émissions :
- Energétiques : cela comprend :
- les huit branches « Bâtiments » définies par le CEREN, ayant recours au chauffage et aux autres usages (eau chaude sanitaire, cuisson, usages spécifiques de l’électricité) :
- Bureaux
- Cafés Hôtels Restaurants
- Commerces
- Enseignement/Recherche
- Santé
- Habitat communautaire
- Sport, culture et loisirs
- Activités liées aux transports (logistique, transports en commun)
- D’autres branches consommatrices d’électricité :
- Eclairage public
- Consommations générales d’immeubles résidentiels et tertiaires
- Entrepôts frigorifiques
- Grands centres de recherche publics ou privés
- Locaux de la défense nationale
- Secteur des télécommunications
- Secteur de l'eau
- Secteur de l'édition
- Datacenters
- Remontées mécaniques des stations de ski
- les huit branches « Bâtiments » définies par le CEREN, ayant recours au chauffage et aux autres usages (eau chaude sanitaire, cuisson, usages spécifiques de l’électricité) :
Non énergétiques : anesthésie
Industrie manufacturière
Le secteur de l’industrie manufacturière, dont les activités sont très variées, comprend les émissions :
- Energétiques
- Non énergétiques :
- Application de peinture
- Utilisation de solvants
- Fabrication et mise en œuvre de produits chimiques : colles, peintures, encres…
- Procédés de la sidérurgie, de l’industrie chimique et des métaux non ferreux (aluminium)
- Procédés de décarbonatation productrice de CO2 : chaux, ciment, tuiles/briques et verre
- Bombes aérosols
Transformation d’énergie
Le secteur de la transformation d’énergie comprend les émissions :
- Energétiques
- Non énergétiques :
- Réseaux de distribution de gaz (fuites)
- Procédés de la sidérurgie et de l’industrie pétrolière
Traitement des déchets
Le secteur du traitement des déchets comprend les émissions :
- Energétiques
- Non énergétiques :
- Incinération des déchets
- Décharges de déchets solides
- Traitement des eaux usées
- Production de compost et biogaz
Agriculture
Le secteur de l’agriculture comprend les émissions :
- Energétiques : bâtiments, serres, engins agricoles et sylvicoles
- Non énergétiques :
- Fermentation entérique
- Composés organiques et azotés issus des déjections animales
- Culture avec engrais
- Feux de déchets agricoles et écobuage
- Utilisation de pesticides et de calcaire
Transport routier
Le transport routier concerne l’ensemble des véhicules circulant sur la voie publique (voitures, véhicules utilitaires légers, poids-lourds, bus urbains, autocars et deux roues motorisés). Les volumes de trafic (Trafic Moyen Journalier Annuel TMJA) sont estimés sur le réseau structurant (autoroutes, nationales et majorité des départementales) et ventilés selon plus de 300 types détaillés de véhicules provenant du parc roulant national du CITEPA.
Le secteur du transport routier comprend les émissions :
- Energétiques : émissions à l’échappement
- Non énergétiques : aucune
Autres transports
Transport ferroviaire
Le transport ferroviaire inclut :
- la circulation des trains sur l’ensemble des voies ferrées
- les transports en commun sur rail : métro, funiculaire et tramway.
Le secteur du transport ferroviaire comprend les émissions :
- Energétiques : émissions des trains à traction thermique
- Non énergétiques : aucune
Transport aérien
Le secteur du transport aérien comprend les émissions :
- Energétiques :
- Emissions des aéronefs
- Engins de piste et auxiliaires thermiques : les émissions associées sont calculées sur l’aéroport de Lyon St-Exupéry, les émissions des autres plateformes étant considérées négligeables.
- Non énergétiques : aucune
29 plateformes sont considérées dans l’inventaire, les petits aérodromes ayant un poids négligeable et pour lesquels il est très difficile de collecter des informations fiables :
- Annemasse
- Alpe d’Huez
- Annecy Haute-Savoie
- Aubenas
- Aurillac
- Bellegarde-Vouvray
- Bourg-en-Bresse
- Chambéry Aix-les-Bains
- Clermont-Ferrand-Auvergne
- Courchevel
- Grenoble le Versoud
- Grenoble Isère (St-Geoirs)
- Issoire-Le-Broc
- Le Puy-Loudes
- Lyon Bron
- Lyon-Corbas
- Lyon St-Exupéry
- Megève
- Montélimar-Ancône
- Moulins-Montbeugny
- Roanne Renaison
- Saint-Etienne Bouthéon
- Saint-Flour
- Saint-Rambert
- Tournon
- Valence Chabeuil
- Vichy-Charmeil
- Vienne-Reventin
- Villefranche-Tarare
Transport fluvial
Le transport fluvial comprend les émissions énergétiques :
- du trafic de marchandises sur l’axe Saône/Rhône
- du trafic de passagers et bateaux de plaisance sur l’axe Saône/Rhône, le canal latéral de la Loire et le canal de Roanne à Digoin.
[Mise à jour : décembre 2023]
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